"Affalez la grand- voile" ordonne le capitaine avant la tempête. La brièveté caractérise les métiers à risque ; d'autres usages moins impérieux restent ici à découvrir. Un petit tour dans le dictionnaire nous apprend à distinguer bref et concis, à nommer apocope un mot tronqué et à repérer le rare synonyme compendieux.
L'écrit s'illustre par la beauté du bref : haiku, chute d'une nouvelle, ellipse, morale d'une fable, proverbe. Les réseaux transportent le morse, le smiley, le sigle ou le langage sms.
Nos autres communications utilisent le silence (ce dont on ne peut parler doit se taire), l'onomatopée, l'holophrase (bof sert à dénigrer, allo se met à l'écoute), le slogan. Nos attitudes cultivent la mimique, le geste évocateur (moue, yeux au ciel, doigt d'honneur). Dans le management, le bref pourrait atténuer les dissensions.
Les formes épurées des dessins (par exemple, les taureaux de Picasso), les logos et les aplats de couleur parlent directement à nos émotions.
Le romancier ne peut pas faire bref quoiqu'un humoriste ait proposé les courtes mémoires d'un éjaculateur précoce. La politique adopte une position ambiguë en proposant référendum ou 49.3 tout en se perdant en verbiage ou logorrhée.
La brièveté est un jaillissement. Notre cerveau est tout particulièrement configuré au bref ; ainsi il traite l'image des milliers de fois plus vite que le texte. Avec peu, on transporte beaucoup et la bande passante est moins encombrée. Le bref est dans l'immédiat. C'est en cela que le bref s'éloigne du processus de simplification. Certes, faire bref réclame des pré-requis, une entente préalable sur le code, le cadre d'exercice. On affale pas la grand-voile sans s'y être préparé.
Faire bref possède les avantages et les inconvénients de toute communication ; plus spécifiquement, faire bref se risque à l'autorité voire à la brutalité. Ses vertus sont nombreuses : l'économie de temps et d'espace pour tous, l'impulsion et la mémorisation. Dans la Grèce antique, les disciples d'Hippocrate se rappelaient ses préceptes en récitant des aphorismes ; aux Antilles, "bèf douvan bwè dlo klè" (le bœuf de devant boit de l'eau claire) .
Il était bon de démontrer que le bref n'est pas sans subtilité ; Tchekhov disait même que "la brièveté est sœur du talent". Na !
Cet appel à simplification a lancé 21 de vos contributions, toutes très argumentées -elles sont à retrouver intégralement sur le site- et a alimenté un débat riche d'une vingtaine de participants réunis à l'Université Libre du Larzac. Ce qui suit ne peut pas être le compte-rendu de tant de diversité mais s'appuie sur vos réflexions.
Prenons le temps d'un exemple. "Maman, il est midi !" Le petit a faim pensera sa mère ou bien qu'il n'a pas dû finir ses devoirs. Ce sont des interprétations du même fait : il est midi. Et là, au moins, le petit sait lire l'heure, sa montre ne retarde pas et il ne triche pas ; sinon doute et vérification
Si je veux que ceux qui m'écoutent interprètent peu mes paroles comment dois-je parler ? Et si je veux, au contraire, laisser libre à toutes interprétations, alors comment formuler ? En résumé, ~choisir le bon énoncé pour générer le nombre choisi d'interprétations~. Leurs quantités, de beaucoup à moins que rien, peuvent se regrouper en 5 étages. La comparaison avec les étages d'un immeuble devient opportune : la terrasse en plein vent, le second étage, l'entre-sol, le rez-de chaussée et les sous-sols sombres. Entammons la descente des étages.
Terrasse Pour générer beaucoup d'interprétations il suffit... de ne prendre aucune précaution : un mot évocateur, voire aucun, et l'affaire est dite. L'imagination n'est-elle pas inhérente à l'humanité ? Une multitude d'interprétations montre, pour certains, une belle vitalité dont l'art se réclame et la démocratie s'enorgueillit; mais d'autres s'inquiètent du flot que charrient les réseaux sociaux.
Second étage (étage à deux interprétations) Scinder les interprétations en deux groupes opposés réduit drastiquement la diversité. Le célèbre "en même temps" peut être donné en exemple et aussi le procès qui organise une opposition binaire partie civile et défense .
Entresol. À un degré moindre, il faudra préalablement anticiper pour quantifier et préciser le contexte. Par ailleurs Il paraît plus facile de s'adresser à un groupe culturellement homogène ; par exemple Trafalgar évoque pour nous une défaite mais pas pour un anglais. On peut aussi incorporer par avance les interprétations proches, voire les borner ; ainsi quand la culpabilité est reconnue, les peines sont encadrées d'un seuil et d'un plafond d'emprisonnement.
Rez de chaussée. (étage zéro interprétation). Pour ne tolérer aucune interprétation, la science et loi sont parfois intransigeantes : la science rejette le platisme et la loi punit le négationisme. "Ne faites pas de supposition" serait très efficace mais l'injonction (quatrième accord Toltèque) ne dépend pas de celui qui parle.
Sous-sols. (moins que rien) À ce dernier niveau, les propositions ne seront pas recommandables : s'exprimer par tautologies -mais c'est un peu niais- ou pratiquer le lavage de cerveau -mais c'est vraiement laid-. L'absence d'interprétation est le signe d'une soumission.
Maintenant pour s'exercer, supposons que vous vouliez aborder le fait que les dépenses de santé pour les plus âgés sont élévées, diriez-vous que la santé réclame un effort de chacun ? Sépareriez-vous les patients de moins de 45 ans de ceux de plus de 45 an ? Parleriez-vous au personnel hospitalier ou plus platement que les coûts changent selon les âges ?
Allez ! La prochaine fois nous saurons au moins d'où l'on parle, sur la terrasse ou dans les sous-sols.
Cliquez sur le texte en bleu ↑ (juste au dessus) pour commenter
6/6 11h11 Université Libre du Larzac
Comment diminuer le nombre d'interprétations quand on énonce un fait.
Celui qui parle génère chez son auditoire de nombreuses interprétations (et elles n'étaient pas toutes le but de l'émetteur). Faut-il être très précis ? anticiper les réactions ?...
La conclusion du débat portera sur cet effort de réduction des interprétations.
Si d'un seul et même fait se tirent de multiples interprétations toutes différentes, quelle valeur attribuer au premier et comment endiguer le flot des secondes ?
"Il fait frisquet ce matin" . "Ah non ! Ça s'est radouci". Deux interprétations de la même température. J'ai froid est un ressenti personnel et 12 degrés paraît neutre mais c'est aussi une convention.
D'autres exemples se trouvent dans le droit, les sciences ou l'histoire.
Par quel mécanisme un fait se transforme en une interprétation ?
La multiplicité d'interprétations apporte la sagesse par la diversité mais représente aussi un risque qui enfle aujourd'hui.
L'anticipation, une formulation prudente, la précision du contexte (voire le bourrage de crâne) pourraient endiguer le flot d'interprétations.
Cliquez sur le texte en bleu ↑ (juste au dessus) pour commenter
Christian R
Plutôt avoir tort avec Sartre que raison avec Aron
Pierre M
N'oublie pas que chaque religion a SA vérité et donc LA vérité n'existe pas, sauf pour quelques cas marginaux.
De plus la science progressant la vérité de Newton n'est pas celle d'Einstein, et aucun des deux n'a tort, l'un travaillant sur le macro à notre échelle, l'autre sur l'infinitesimal petit ou grand.
Seul Woody Allen avait raison lorsqu'il disait: "l'infini c'est long surtout vers la fin"
Dominique S
N'y a t-il de vrai que la science ? Tant que rien ne la contredit ! Complications Pour soi : appréhender la diversité des opinions, se constituer des preuves / Vers l'autre : choisir un bon mode de transmission, éviter les discutailles / En opposition : Discuter, avancer ses raisons
Références Êtes-vous sûr d'avoir raison (Gilles Vervisch) Seul un *Sith* s'exprime en terme absolu (Star War) L'art d'avoir toujours raison (Schopenhaur) Ce-monde-me-rend-fou (France Inter) Rhinocéros (Ionesco) Aller-retour sur le Covid (média)
Patrice L
Le libellé même de ce sujet porte à contestation puisqu’il laisse supposer qu’il soit possible d’avoir raison. Si avoir raison c’est détenir la vérité que nul ne peut contester, alors c’est faire preuve d’une incroyable et désolante prétention. Car ce qui est ici en cause, en réalité, ce n’est pas tant de détenir la vérité, chose la plus difficile au monde à démontrer, mais c’est le fait de parvenir à s’en rapprocher le plus possible tout en restant habité par le doute touchant à sa véritable existence.
Le doute est un devoir éthique, pour qui sait que dans un monde en perpétuelle évolution, dans le domaine de la matière que dans celui de l’esprit, ce qui était vrai hier peut l’être moins aujourd’hui, ou ne plus l’être demain. Le doute doit donc s’assortir d’un permanent réexamen des vérités, pouvant aller si nécessaire jusqu’à leur remise en cause, surtout quand celles-ci se parent des habits de la certitude, ce terreau des intolérances et des extrémismes de tous poils, politiques ou religieux en particulier.
Ceci dit, je laisse à d’autres le plaisir de rappeler que dans un monde ou les vérités comme les mensonges, les vrais comme les fausses nouvelles, les choses établies comme les fake news, se mêlent et s’entremêlent, puis se déversent en flots ininterrompus et parfois nauséabonds dans les courants des chaînes d’infos en continus comme au sein des réseaux sociaux, avoir raison peut être à la fois simple quand on verse par exemple dans le complotisme, et difficile quand un mensonge peut si souvent ressembler à une vérité.
Guy J
RECHERCHE DE LA VÉRITÉ
La fausseté pouvant, comme l'obscurité,
S'avérer menaçante, nocive, mortelle,
Notre vital instinct, merci pour sa tutelle,
Nous pousse à rechercher partout la vérité.
On la guette, sortant d'une enfantine bouche,
De celle qui valide in vino veritas,
De derrière un rideau, un huis, un vasistas,
Dans une injure, un mot qui nous blesse, nous mouche.
Mais on ne l'attend pas d'un arracheur de dents,
Ni de l'ami trop bon à l'éloge d'argile,
Et si pour un croyant, elle n'est qu'évangile,
En vérité, je vous le dis, depuis Adam,
On la trouve voilée, mais toute nue, macache,
La vérité de l'homme étant dans ce qu’il cache
Jeanne L
Avoir raison ou être heureux
Catherine B
Je vais juste te donner ma devise. C’est celle de François d’Assise que j’essaie de vivre du mieux que je peux
“C’est en donnant que l’on reçoit”. J’ai toujours mesuré que si l’on n’est pas capable de recevoir, alors on n’est pas capable de donner. Car à mon avis le retour peut arriver de façon inattendu et d’une autre manière
Marie-Ange
- l'ultracrepidarianisme....si souvent à l'ordre du jour dans les échanges virtuels. Chacun donne son avis en attestant de la véracité de ses propos, et ce pour tout sujet. Faire semblant d'avoir raison, avec verve et assurance, permet au bon communicant d'accéder à des postes ambitieux. Principe de Peter découlant de l'ultracrepidarianisme ?
- le devoir philosophique avec la thèse et l'antithèse est la preuve de la complexité de la notion de "vrai".
Au retour du Diago où j'ai vu "l'ombre de Goya" fantastique documentaire de Jean-Claude Carriere. Ce dernier lance : le contraire de la vérité n'est pas le mensonge ni l'erreur. Le contraire de la vérité, c'est la raison. Ceci en commentaire du tableau de Goya "le sommeil de la raison engendre des monstres".
Alain B
Je disais souvent à mes élèves, que j'avais essayé d'initier à l'humour : Article 1 : Le maître a toujours raison. Article 2 : En cas de désaccord avec le maître, se référer à l'article 1 ...
Marielle B
J’avoue que ton appel à contribution m’a plongée dans la perplexité. Le fantôme de Jean Renoir, qui le lit par-dessus mon épaule gauche, chuchote «Ce qui est terrible sur cette terre, c’est que tout le monde a ses raisons», tandis que le fantôme d’Albert Camus, qui le lit par-dessus mon épaule droite, soupire«Un homme est toujours la proie de ses vérités». Avoir raison peut être très simple. Il suffit de décider qu’on a raison et, en conséquence, de considérer que les points de vue divergents sont exprimés par des imbéciles, des méchants, des ignorants, des naïfs, des illuminés, des complotistes, des lobbyistes, des exploiteurs… Enfin, chacun complétera selon sa sensibilité.
Ce qui est compliqué c’est de vivre ensemble en faisant cohabiter en bonne intelligence les rationalités individuelles. Ce qui est compliqué, c’est de fabriquer du consensus.Ce qui est compliqué, c’est d’accepter que le consensus ne signifie pas être d’accord sur tout mais ne peut se passer d’un postulat fondamental : ma raison et celle de l’autre, différente, doivent laisser à chacune sa chance d’exister.Ce qui est compliqué, c’est de renoncer à l’illusion de la Raison Universelle sans tomber dans la facilité du relativisme total (tout le monde a raison) et, avec ça, de trouver son chemin jour après jour. Bref, à l’instar du susnommé Camus, mon ambition est d’être une extrémiste de la mesure. Porter cette raison-là n’est pas à proprement parler compliqué. Je dirai plutôt que c’est désespérant en un temps où une déclaration du même Camus me semble plus vraie que jamais:«L’Homme est du bois dont on fait les bûchers ».
Armand W
Selon moi, et probablement selon toute personne de bon sens, il est compliqué d’avoir raison mais il est encore plus compliqué d’avoir tort ! D’ailleurs, tout le monde sait que le tort tue. Bref, quand on a la certitude d’avoir raison face à autrui, c’est avec prudence et délicatesse qu’il faut s’avancer car le plus souvent, il ne s’agit pas de chiffres, et le subjectif l’emporte sur la rationalité objective. Au point qu’il faut parfois avancer masqué: faire croire qu’on a tort pour essayer de faire venir l’autre, ou les autres, vers la bonne réponse. Dans une de ses plus belles chansons, le grand Léo Ferré, évoquant sans doute ses querelles avec Madeleine, écrivait « quand la raison n’a plus raison… ». Je crois que c’est Courteline qui a mis en scène le dialogue de Boubouroche avec sa maîtresse. Celle-ci dit qu’il fait froid dehors ; Boubouroche ouvre la fenêtre et lui montre le thermomètre qui indique une température élevée. Elle lui répond «le thermomètre, ça ne prouve rien». On peut donc citer divers auteurs ou se référer à son propre vécu. Pour moi, je n’en ai pas un exemple mais mille, dans ma vie privée comme dans ma vie professionnelle. D’où tu peux conclure que j’ai souvent eu raison!!! C’est toi qui l’a dit.
Philippe M
Exemples: (Economie) Externaliser son agriculture et son industrie pour bénéficier des low-costs sans se
soucier de l’emploi ni de la dépendance aux autres». / (Ecologie) Viser le tout électrique en négligeant l’entretien des centrales électriques, en privilégiant l’éolien (malgré l’absence de vent) ainsi que le solaire (sans soleil)./ (Société)
Donner le bac à tous les lycéens et laisser sortir les étudiants des facs sans métier / (Education) Renier l’éducation telle qu’elle a été pratiquée avant pour s’enfoncer d’avantage dans l’analphabétisme et l’ignorance. Et tant encore…
Questions : Pourquoi est-il compliqué d’avouer qu’on a pu dénoncer ces erreurs majeures (voire s’y être
opposé) quand elles ont été commises puisque chacun s’entend à reconnaitre aujourd’hui que
c’étaient des erreurs(voire plus) ?
Champs de réponses possibles:
1) Parce qu’on appartient à la génération de ceux qui ont pris les décisions de ces erreurs, elles nous
sont naturellement attribuées ce qui nous place en situation de défensive. De tous temps on a attribué les erreurs aux ainés que les plus jeunes prétendent devoir réparer / Avoir à défendre ses combats passés est juste difficile quand on est hors-jeu / On s’est comporté ainsi quand on avait leur âge et nous savons qu’ils le savent…/ Ils vont difficilement admettre que ce sont eux aujourd’hui qui ont les commandes, que c’est leur rôle de réparer et qu’ils sont en train de commettre eux-aussi d’autres erreurs qui seront-elles-aussi condamnées par la génération qui suit.
2) Parce que la vérité est relative : qui a raison ?
a. Dans le temps en fonction des priorités / des « circonstances » (variables) : Energie : hier pétrole = dépendance ; aujourd’hui = + non écologie / Economie : hier réduction de coûts ; aujourd’hui emploi + dépendance + écologie / Société : hier culture du long terme ; aujourd’hui : l’horizon = quelques mois / Société : hier pouvoir d’achat ; aujourd’hui : qualité de la vie
b. En fonction des rôles / missions : Conflit intra-entreprises entre qualité ; processus et rapidité ; libertés / Relations patronat et syndicats de salariés / Hiérarchie : donner des ordres Vs obéir.
c. En fonction des personnes : Succès artistiques, littéraires, … pour les uns ou échecs pour les autres / Analyse des faits historiques, politiques, …→ différences
3) Parce que ça ne sert à rien d’être le seul à avoir raison :On est regardé comme un étranger voire un fauteur de trouble / « Il est plus facile d’aboyer avec la meute » / Devant l’absence de conviction des autres on doute de ses certitudes / Je m’en remets au futur qui prouvera MA vérité » (« vous verrez bien demain… »)
Maurice V
Il est compliqué d'avoir raison parce que "la raison du plus fort est toujours la meilleure" (Jean de La Fontaine) !
Alexandre C
La façon dont le thème est posé implique l’existence d’une opposition forte, d’une opinion difficile à exprimer. Je suppose qu’il n’est pas difficile d’exprimer son point de vue quand l’objet de l’évaluation fait l’unanimité… mais cela ne veut pas pour autant dire que l’on ait raison. En fait, tout me semble reposer sur l’évaluation du contexte dans lequel s’exprime l’objet de l’opinion exprimée. Avoir raison ne veut rien dire en soit. C’est le contexte qui vous donne raison ou pas… et les multiples dimensions qui s’expriment qui font que votre évaluation se réalise ou pas.
Tout processus d’expression d’opinion repose sur l’évaluation des multiples dimensions du contexte, sur la capacité de l’orateur d’exprimer simplement son analyse, sur sa capacité à faire passer son message, sur la capacité d’écoute des interlocuteurs (avoir raison suppose un échange… ou à minima un processus de réflexion préalable à l’exposition d’une opinion même si cette dernière n’est pas exprimée, lorsqu’on est seul par exemple)… et enfin sur sa capacité à influer sur les multiples dimensions du contexte dans lequel s’exprime l’objet de son opinion.
Par exemple, dire qu’un projet va réussir est plus aisé si vous avez l’expérience du contexte, une équipe compétente et participez à ce projet. Dire que le même projet va réussir avec une équipe inexpérimentée sans que vous y participiez (en tant que sachant) est plus aléatoire. Tout est question d’évaluation de contexte (l’objectif, les moyens, les équipiers et les risques dans un projet), de compétence / capacité à influer sur ce dernier.
Ce qui me semble difficile, c’est pas d’exprimer son opinion, c’est d’avoir la bonne vision des compétences disponibles pour faire face au contexte et d’exprimer simplement/efficacement son analyse pour soit rallier ses interlocuteurs à son avis soit ajuster son point de vue face à l’exposé d’une position.
Dicton
Il ne faut pas contredire une femme, il vaut mieux attendre qu’elle change d’avis !
Guy J
La première remarque qui me vient à l'esprit est qu'il y a deux types d'informations verbales, les informations objectives et les informations subjectives, et qu'on a trop tendance, me semble-t-il, à prendre les subjectives pour objectives. - Le premier exemple qui me vient à l'esprit, c'est que la plupart des gens pensent, (subjectivement), qu'ils y sont pour quelque chose quand une idée leur vient à l'esprit, alors que cette idée leur vient à l'esprit, (objectivement), naturellement. - Le deuxième exemple qui me vient à l'esprit, c'est que la plupart des gens pensent, (subjectivement), que les êtres humains auraient pu faire autrement qu'ils ont fait, alors qu'on n'a jamais vu personne, (objectivement), faire différemment qu'il a fait. Ces deux exemples me paraissent si importants, qu'il me paraît vain d'aller plus avant dans cette réflexion sur la notion de vrai, sans s'être mis d'accord sur la véracité de ces deux exemples.
Catherine C
"Nucléaire : chronique de 40 ans de destruction d'un joyau français"
Marc M
Qu'il est compliqué d'avoir raison. Surtout pour ceux qui ont toujours raison (ceux sont en fait celles). Mais c'est encore plus plus compliqué d'avoir toujours tort. C'est mon cas. C'est pourquoi j'ai décidé de ne plus participer à aucune discussion, de n'avoir aucune opinion, de n'émettre aucun avis. Mais sans doute ai-je tort
Jean-Marie Q
Oui c'est compliqué parce que dans l'absolu personne ne possède "la" raison. Chacun en a une bonne, surtout les filous ! La faire partager aux autres est le bel art des magiciens et des escrocs.
Plus sérieusement, il peut y en avoir qui deviennent des "lumières" parce qu'elles mobilisent positivement les intelligences humaines. Toutefois, y a-t'il un Ordre de raison absolu? Tout dépend du contexte de référence et des règles : s'il s'agit notamment d'un jugement de Droit, il peut-être compliqué d'en recueillir les éléments et quelquefois la Loi est aussi multiforme. Complexe donc mais avec des références stables parce qu'écrites sur les Tables adéquates (presque) immuables. Assez simple donc.
Toutefois, il n'est pas de pensée sans raison logique. Même si les hypothèses et concepts de départ sont faux, la logique fonctionne et le système nerveux tire des conclusions qui guident ses actions. Un bel exemple du pire est celui donné par le roman "La servante écarlate" d'un système politique basé sur une simple croyance. Il est simple d'avoir raison puisque ses prémices ont été révélées et à partir de là tout se déroule logiquement même si c'est absurde et même mortifère. Un des plus beaux est peut-être le concept "d'amour"... Bien qu'on puisse parfois en mourir !!
On peut avoir recours à des repères universels, la plupart du temps fabriqués par consensus au fil du temps comme la notion de beauté que Baudelaire s'imagine de pierre, éternelle et muette. Toutefois on peut relever certaines "valeurs" communes d'une civilisation à l'autre bien que parfois arrangées et sanctifiés à la sauce du moment et du lieu : ainsi il est mal de tuer...sauf son ennemi à la guerre ou pour les festins tribaux chez les anciens Maoris. Donc l'universel n'est pas simple et la base des statues se révèlent parfois un peu flottante avec des pieds d'argile. Des modèles comme ceux de Pascal ou de Descartes ont même été révélés par une apparition pour l'un, trois songes pour l'autre, et finalement transformés en modèles universels dans notre société.
Toutefois Descarte comme Pascal incarnent déjà l'esprit scientifique et confrontent les règles de la raison avec l'expérience du terrain, retrouvant l'esprit des grands penseurs de l'antiquité d'avant l'imposition d'une seule Foi qui détruisit systématiquement les travaux scientifiques comme par exemple les preuves de la rotondité de la terre, sa marche élliptique autour du soleil, le mouvement des marées, les cartes du ciel...etc.
Bon, il est compliqué d'avoir raison mais pour éviter de devenir fou avec une logique absurde et de fumeuses révélations, il est nécessaire de s'appuyer sur les travaux scientifiques qui relativisent la notion de Vérité et placent des "raisons" en forme de balises qui peuvent guider nos logiques sur le chemin de la connaissance. Et dans ce domaine il existe une sorte d'universalité de la communauté scientifique.
Bruno M
Entre … avoir des comportements raisonnables mais insensés… ou être déraisonnable par des comportements sensés, Entre… avoir raison, … ou être sensé,Entre… avoir… ou être, Que choisir ?
Par exemple : avoir un bon travail avec belle image sociale et gros revenus financiers, c’est tout à fait raisonnable,Et en payer le prix par la destruction systématique de notre éco-système C’est tout à fait insensé
Alors, le principal est-il d'avoir raison, ou d'être sensé ? qu’avoir raison soit compliqué ou simple, cela peut-il importer moins que surtout chercher à être sensé ?
François M
Avoir ses raisons n’est pas bien compliqué. Ça le devient avec cette idée fort répandue qu’il faut les transmettre à tout prix. Actuellement, ce qui me frappe le plus, notamment dans les médias, c’est d’entendre dire, « il n’y a pas de débat », par ceux là même qui ne cessent de vouloir convaincre à longueur de journée sans obtenir gain de cause.
Giovanna B
Juste pour faire une blague, en Italie on dit "la raison est donnée aux ânes". La ragione si dà agli stupidi per farli tacere. Per dire che molte volte il torto finisce per ricadere sui più deboli.
Françoise R
Ah en voilà un thème qui me titille ! Car, est-ce que le fait de vouloir avoir raison a à voir avec la vérité ? Quant à la vérité, celle avec un petit "v", la sienne très personnelle en fonction de sa carte du monde ou celle avec un grand "V" que l'on veut imposer à l'autre ? Vaste sujet ! Quant à moi, je connais ma vérité et si l'autre n'est pas en disposition d'un échange courtois, je lui dis bien fort, que oui, il a raison ! Evidemment. Car, finalement, pour avoir la paix...
Claude C
1. La raison du plus fort et toujours la meilleure...(Le loup et l'agneau de La Fontaine) / La phrase "le cœur a ses raisons que la raison ne connait point" reflète la théorie de PASCAL sur la croyance religieuse , selon laquelle le cœur est une meilleure voie d'accès à Dieu que la raison elle même limitée / La raison se perd par le raisonnement ( Antonio PORCHA Poète Argentin) / Quand le poids du cœur est supérieur à celui de la raison, c'est tout l'équilibre des choses qui est menacé. (Christine ORBAN Ecrivaine, dramaturge et critique littéraire) / Expression: Sans rime ni raison... (d'une manière incompréhensible, absurde).
2. Réflexion personnelle. La complexité va apparaitre des lors que l'on souhaite convaincre en exprimant son point de vue. Il peut se confronter à des thèses contraires parfaitement argumentées et construites sur la mauvaise foi, le mensonge, l'ignorance, l'erreur...Si on impose son point de vue ( totalitarisme, dogme, terreur) on muselle l'expression adverse que l'on souhaite faire demeurer sans effet, là il va être, pour ceux qui s'opposent, compliqué "d'avoir raison", tout au moins de le dire et de le faire valoir.
Patrice L
doit on refuser la rhétorique ?
C'est un art qui donc procure à un auditoire des émotions. En y recourrant, le rhéteur pense applanir la résistance à ses idées.
Jean-Michel M
Aphorisme : Trop tôt, c'est périlleux / Trop tard, c'est inutile
Sujet de philo La raison du lettré s'oppose à la foi du charbonnier, mais la foi de Pascal convie la raison à découvrir des paysages inédits.
Paul R
« Il n’y a de raison que la raison d’état ! C’est quand même simple, ça, et pas très difficile à comprendre ! »
Sinon, avoir raison est une question de preuve, et la ou les preuve.s sont une question d’interprétation. Exemples : l’enquêteur a beau apporter au juge toutes les preuves, celui-ci devra encore les interpréter au regard de la loi. Et les preuves font-elles loi plus qu’elles ne font foi ? pas toujours, sinon pour quelles bonnes ‘’raisons’’ seraient-il prévu que de nouvelles interprétations de la loi par un juge fassent jurisprudence ? Idem pour le scientifique dont la théorie ou le théorème n’est vrai que jusqu’à ce qu’un autre scientifique ait prouvé le contraire, le philosophe, le sociologue, l’économiste, le politique… Avoir raison n’est pas une question de raison mais de relation, de besoin d’avoir raison. En l’occurrence la relation prime sur la raison la plupart du temps, le besoin de reconnaissance sur le risque de ridicule, et quand je rompt le combat quand je me rend face à plus fort que moi, c’est encore en cherchant à le faire de telle manière qu’il puisse (peut-être) penser plus tard que j’avais quand même raison sur certains points, minimes bien sûr, mais enfin un peu raison quelque part.
Myriam C
Je te citerai donc juste Coluche " je ne suis ni pour ni contre, bien au contraire « . Je pense juste que personne ne connait la vérité, alors avoir raison ou tort n’ont pour moi pas d’importance. Quand l’ego n’a pas besoin de s’affirmer pour avoir besoin d’exister, il se fiche d’avoir raison ou tort.
John S
En bon ingénieur consciencieux tu es à la recherche d'une méthode qui permettrait d'avoir raison plus facilement. Je ne suis pas sûr qu'elle existe ! Pour moi il y a 3 difficultés
La première c'est déjà la question ou le problème sur lequel porte le sujet de réflexion.
S'il est simple, oui ou non, vrai ou faux, il est relativement facile d'avoir raison. Il suffit d'avoir une preuve certaine, de l'exposer, de convaincre son auditoire.
S'il est complexe, plusieurs points de vue s'affrontent. Dans ce cas les preuves ne sont pas formelles, doivent être appréciées, exposées, confrontées lors du débat. Avoir raison devient dans ce cas un combat.
La deuxième c'est notre propre qualité de tribun.
S'exprimer clairement et synthétiquement pour être bien perçu, lever les objections, obtenir l'assentiment de l'auditoire, convaincre.
La troisième c'est la qualité de l'auditoire et son état relationnel par rapport à nous même
La connaissance du sujet, la motivation à débattre, l'enjeu éventuel, l'empathie portée ou ressentie
Autrement dit ...
Même si j'ai raison et si j'en ai la preuve, débattant face à un énarque rompu à la diatribe peu de chances que j'emporte le match. A contrario même de mauvaise foi je peux l'emporter face à mes petits enfants.
Khalid B
Comme disait Raymond Devos : À tort ou à raison" : "On a toujours tort d'essayer d'avoir raison devant des gens qui ont toutes les bonnes raisons de croire qu'ils n'ont pas tort !"
Pierre M
il faut aussi distinguer certitude et vérité.
La vérité scientifique a pour signe la cohérence et l'efficacité. La vérité poétique a pour signe la beauté. Aimé Césaire
C'est souvent lorsqu'elle est est la plus désagréable à entendre qu'une vérité est le plus utile à dire. André Gide
L’ennemi de la vérité, ce n’est pas le mensonge, ce sont les convictions. ~ Friedrich Nietzsche
Ce que nous dénommons vérité n’est qu’une élimination d’erreurs. ~ Georges Clemenceau (Aux embuscades de la vie, 1903)
Mais nul n’a le droit de contraindre autrui à obéir à sa propre vision de la vérité. ~ Mahatma Gandhi
Il y a trois vérités : ma vérité, ta vérité, la vérité. ~ Proverbe chinois
René C
Avoir raison. Je me demande encore ce que cela veut dire.
Cela dépend du temps, des lieux, des circonstances, du champs d’investigation, des interlocuteurs.
A près instruction, la justice peut donner raison ou tort.
Avec la force, c’est un des cas les plus directifs
Ni le raisonnement, ni la vérité ne sont indispensables.
Il s’agit essentiellement de faire partager son point de vue.
Avoir raison conduit donc à convaincre, à faire adhérer
C’est déjà délicat pour la science qui devrait faire autorité par sa rigueur.
C’est encore plus difficile dans les groupes humains où les egos s’affrontent
Je dirais qu’avoir raison,
C'est peut être prendre l’ascendant par diverses méthodes (diplomatie?).La psychologie est donc au premier plan.
Cela peut aussi être le fruit d’un hasard, quand on opte pour un futur incertain, voir improbable, qui se réalise.
Dans tous les cas, il s’agit d’un gain passager que la dynamique des situations aura tôt fait de remettre en cause
Peut-être ai-je raison de penser comme cela?
Bernard B
Pour moi, il n'est pas compliqué d'avoir raison, puisque je sais que j'ai raison !
Ce qui est compliqué, c'est de faire admettre à autrui que j'ai raison, s'il pense que j'ai tort ! C'est l'argumentaire, qu'il faudra faire pour convaincre mon interlocuteur, qui est important et pas toujours evident à devellopper.
Prenons le cas des migrants. Le RN dit "nous n' en voulons pas, car ils nous coutent et les français de souche ont aussi des besoins qui seraient mieux satisfaits si l'argent n'allait pas migrants ". Pour ses sympathisants Le RN a raison. Pour d'autres il a tort ! Son argumentaire est il recevable ? Dans un sens oui ! La NUPES dit " On acceuille les migrants, car la vie est impossible chez eux et ils representent un besoin et une chance pour notre pays, car les français de souche ont un taux de reproduction trop faible". Pour ses sympathisants, la NUPES a raison. Pour d'autres elle a tort ! Son argumentaire est il recevable ? Dans un sens oui !
On le voit tout depend de la sensibilité de chacun, pour dire qui a raison? C'est pour cela qu'il est compliqué d'avoir raison. Avec le même argumentaire, on pourra convaincre quelqu'un et ne pas convaincre un autre.
Didier A
Nous aimons avoir raison. C'est notre ego. Savoir ce que l'autre ne sait pas et le lui dire , pan sur le bec!. Aussitôt après, comme un boomerang, nous reviennent sur la gueule des réflexions aigre-douce des murmures desapprobateurs: "Monsieur je sais tout!" "Et il faudrait le croire, encore?". Car chacun ne tient debout qu'avec ses certitudes. Chacun n'écoute que lui-même, ne parle que de lui, se décrit à plaisir.
Michael S
Est-ce une question ou une affirmation? Avoir raison et complication sont des éléments indépendants, scalaires et non absolus. La raison et la vérité ne sont pas nécessairement les mêmes chose. Ils semblent être des observations indépendantes (subjectives) dont la relation est dérivée de l'imagination humaine.
Avoir raison n'est pas un état extensif qui englobe tout. Avoir raison est limité à la fois dans la portée et dans le temps, de la même manière que la complexité et la simplicité sont décrites. Les choses se compliquent lorsque vous commencez à partager vos raisons et vos vérités avec les autres et que vous essayez peut-être même de les convaincre que vous avez raison.
Louis B
Est-ce compliqué d'avoir raison ? Je ne crois pas. J'ai bien raison de penser ce que je pense, et si les autres ne sont pas d'accord, tans pis pour eux ; ils ne savent pas de quoi ils se privent !
Ce qui est compliqué, pour l'homme sage, c'est de savoir quoi penser. Le monde est complexe et évolutif et notre notre perception en est partielle, incomplète et jamais totalement objective. L'homme sage affronte cela et parvient à formuler une opinion, en gardant à l'esprit qu'elle est chancelante et probablement critiquable, qu'il faut nuancer, peut-être remettre en cause, tenter de comprendre pourquoi ceux qui contestent ne sont pas d'accord et tenter de faire le partage entre ce qui relève de la critique fondée et ce qui relève de l'esprit de contradiction, pour le pur et simple plaisir de la discussion.
Les seuls pour lesquels c'est simple, ce sont les gourous de tous poils et leurs zélateurs.
Les gourous parce qu'ils se sont construit une représentation du monde basée sur des livres sacrés, des théories scientifiques ou économiques erronées, biaisées ou mal comprises et, surtout, sur une large part de délire personnel. Ils aboutissent ainsi à la définition d'un monde idéal, intangible, où tout est clairement défini. Ce monde reste évidemment à construire et ils définissent la démarche à suivre pour y parvenir, fondée généralement sur obéissance absolue à la parole du maitre
Quant aux zélateurs, ce sont ceux qui ne savent quoi penser car le monde tel qu'il est échappe à leur compréhension. Et cela les angoisse. Les modèles proposés par les gourous les rassurent car ils sont clairs, sans ambiguïtés, ils les dispensent de réfléchir, ils leur disent où est le bien, où est le mal, et comment agir pour faire triompher l'un et anéantir l'autre. Cette parole a valeur d'évangile, elle ne peut être discutée.
tu m'invites à te faire une réponse simpliste en te retournant ta question : "Est-il raisonnable d'être compliqué ?", question évidente pour moi, professeur de mathématiques, qui me suis posé cette question tout au long de ma carrière. "Ne pas faire de l'indignation, de la révolte et du rejet une posture, ne pas s'engager dans des polémiques stériles, dépasser ses émotions pour essayer de comprendre et d'agir à travers une fondation de l'éducation au savoir-être et au vivre ensemble". C'est le message de Baruch(béni) Spinoza, rejeté par sa communauté, à l'aide d'un herem, qui ne comprenait pas sa recherche de l'ataraxie et son désintéressement pour les biens matériels. C'est le précurseur de nos sociétés modernes.
Claude R
' avais écris spontanément quelques mots pour moi, notamment en pensant à la crise Covid (confinement, masques, vaccination...)...crise de la Vérité sur de multiples sujets...
J ai choisi (et j ai pu grâce à la retraite...) de ne pas me faire vacciner et pendant presque 2 ans : pas d hôpital, pas de culture, pas de restaurants et autres cafés en terrasse, etc...
Je me rends compte que cela a eu une influence importante dans ma vie personnelle, mes relations ( en particulier familiale...presque tous vaccinés...par obligation ou par choix), les sources d informations que je consultais régulièrement comme documentaliste, etc...
Finalement je suis sortie des réflexions intellectuelles ou mentales, qui sont des outils intéressants et utiles...mais qui ne prennent en compte qu une petite partie de l humain...
Une crise complexe et multidimensionnelle et qui n est pas terminée en termes de dévoilement de vérités sur divers sujets et de futurs à réinventer !
Cela met en jeu des émotions (peurs à surmonter, croyances anciennes sur l homme, la nature, la société, la politique, la manière de vivre, la spiritualité, etc...).
Penser que c est "compliqué d avoir raison" me paraît faire intervenir des paramètres tellement vastes qu ils sont impossibles à traiter avec ou par les règles de simplification...
Selon moi, aujourd'hui hui, je ne vois pas comment il est possible de simplifier des émotions, des relations humaines, de l intuition, de la confiance, la manière de dévoiler des vérités sans blesser et heurter les autres...
Enfin je pense qu analyser certaines choses d un point de vue rationnel (en particulier des objets et des procédures...) est intelligent et utile mais cantonné au domaine rationnel qui ne concerne pas les émotions vécues ...ni l imagination pour construire un monde nouveau sur les ruines de l ancien.
Une fois cela compris et imaginé ...on pourra réintroduire des réflexions rationnelles pour améliorer et simplifier les choses. Pour le moment je pense que ce n est pas le moment sous peine de ne pas comprendre et traiter des émotions et de rétrécir définitivement le monde
Carole
Raison n'est pas nécessairement vérité. Si on donne ce sens on pourrait citer Pascal :"Vérité en-deça des Pyrénées,erreur au-delà" On peut aussi penser à l'expression "savoir raison garder" et là on n'est plus dans le domaine de la vérité, mais de la maîtrise de soi, et cela devient "qu'il est difficile de ne pas dépasser les bornes" La raison étant une faculté propre à l'homme qui devrait lui permettre de penser pour agir avec discernement et voir sagesse....il me semble que beaucoup de nos "humains" en font un usage plus que modéré, voir ont complétement oublié cette faculté....sont-ils encore humains?
Danielle F
« Tout jeune, il ne savait rien et il s’en fichait. Puis la vie le mit en situation de « savoir des choses ». Et il crut ces « choses ». Il eut des convictions et il voulut que ces « choses » se réalisent. Pour qu’elles se réalisent, il avait besoin des autres. C’est là que tout se compliqua : fallait-il tenter de convaincre ou passer en force ?
Avec quelques inconditionnels, il passa.Et il s’en félicita. Mais la vraie partie était à venir. Il le comprit un certain 11 octobre sur le coup de midi. » Statut de ce texte : extrait non officiel d’un roman en cours d’écriture.
Antoine C
Oui, "il est compliqué d'avoir raison" en général ….D’abord le constat d’avoir raison ne se décrète pas, l’idéal étant que ce constat soit fait par une tierce personne « oui, tu as raison », et encore cela pourrait être un constat de complaisance ….
Avant de prétendre avoir raison il faut le démontrer si possible ou convaincre ses interlocuteurs …Bref, ce n’est pas facile ou plutôt c’est compliqué ….
La corrida, qu'en penser ? Rester impassible, indifférent, rechercher la paix plutôt que les controverses ; certains cependant préféreront avoir raison.
Y prétendre réclame d'abord une opinion à établir ou à faire partager, ensuite, bien naturellement, une cible -soi-même ou une foule-, enfin un acquiescement qu'il soit enthousiaste, paresseux voire soumis .
Ces trois composantes sont parcourues par une force qui les secoue, la puissance de persuasion. Son intensité est déterminante car la persuasion diminue la complication. Voici comment.
Une force intense apporte la facilité d'avoir raison. La force dirigée vers nous-même, provient d'une conviction préalable, d'une mystérieuse intuition ou d'une obéissance sectaire qui nous fait jouer un rôle. Quand la force s'exerce sur les autres, elle recourt à la menace ou aux "évidences" assénées à l'envi. L'Infaillibilité atteint la puissance maximale.
Mais quand la force s'atténue, la complication augmente. Il est bien compliqué, envers nous-même, de pratiquer l'honnêteté du doute et de trier les arguments ; il est tout aussi compliqué, envers les autres, d'user d'une rhétorique roublarde pour retourner leurs opinions. Incidemment, reconnaître ses torts ajoute la honte à la difficulté du repentir.
La raison nous propose un mirage de la vérité. Une vérité qui s'échappe dans l'espace, d'un pays à l'autre, selon les axes. Elle s'échappe aussi dans le temps, puisqu'elle se modifie selon les époques et se constitue successivement dans la science.
Il faut bien un jour reconsidérer les frontières. Il en est ainsi de la sacro-sainte distinction entre complexe et compliqué - vous en connaissez tous les subtiles définitions -. Et bien voilà ! La frontière s'estompe.
Elle n'est pas caractéristique de la cible mais seulement ce qu'en pense un groupe, à une époque précise. Bien même, quand on attribue au seul expert le traitement du complexe, cela revient à reléguer les autres. En fait, notre esprit, à la fois, réclame des repères faciles et convient de leur entrelacement. Complexe et compliqué se rapprochent ainsi.
Dans la nature, il est assez convenu que l'évolution s'effectue vers plus de complexité : l'unicellulaire se magnifie en dauphin et les fractales sculptent le chou romanesco. Mais c'est un roman que l'on se raconte car, par exemple, les vers grouillent tout en s'accommodant parfaitement de leur organisme simple. Le moteur de l'évolution résulte d'une multitude d'essais, "abandonnée aux démons du hasard" (Apollinaire). Aucune intention ne se dégage sinon nous aurions des yeux aussi performants que ceux des mouches (là c'est presque Kafka). Des échecs, il reste les organes vestigiaux : le coccyx humain, les doigts des ongulés.
Le parallèle avec les sociétés est pertinent sur deux plans, le foisonnement et les vestiges. Le moteur du foisonnement de textes et de comités s'emballe en temps de paix. On raconte, quant aux vestiges, que la largeur des voies romaines nous poursuit jusqu'à l'écartement des rails de chemin de fer.
Les structures s'imposent à nous dans la nature et dans nos créations.
La nature organise par exemple les cristaux et les pétales des fleurs. De telles organisations s'élaborent sous les contraintes physiques à la recherche d'une optimisation (l'hexagone occupe au mieux l'espace après un dessèchement de l'argile).
Nous repérons les structures en ajustant notre perception à la bonne focale, sinon le désordre est seul perceptible. En fait, notre cerveau se complet aux repérages des structures et, de façon générale, nous cherchons à modéliser. Tentons-nous ainsi d'expliquer l'univers et les symétries peuvent-elles révèler une face cachée d'un objet, une inversion du temps ?
Réciproquement nos créations, par exemple en architecture, poésie ou peinture, incorporent souvent des structures qui participent à notre recherche d'harmonie. À l'inverse, le génie et la contestation artiste peuvent dépasser ce besoin de structures.
La sobriété (décroissance et simplification) consiste à ajuster l'usage aux besoins (c'est le J de "juste suffisant", la 10ième règle de simplification).
On constate depuis longtemps l’empilement de normes, le foisonnement des moyens de communication, les surconsommations (envenimées par l’obsolescence programmée). En conséquence l’objectif poursuivi se retrouve freiné dans sa progression, parfois hors d’atteinte, voire détourné.
Pour diagnostiquer le manque de sobriété il faut dénombrer, revenir aux principes fondateurs et questionner l'utilité.
Les 3R (regrouper, remplacer et rejeter) sont les moyens d’action à assortir parfois de pratiques d’accompagnement - les nudges-.
Sans discernement la réduction présente les risques de toute ablation et certains objectent que l’abondance ou le détail sont marques de diversité et de démocratie. Enfin beaucoup craignent que la sobriété -même dite heureuse - ne réduise les plaisirs.
À titre d’illustration, 61 principes du Code du travail peuvent régir les 8.000 articles qu’il contient. Restent en suspens le maquillage des femmes et la proposition d’une réflexion sur les urgences hospitalières.
Pour citations, un système est parfait quand on ne peut plus rien lui retrancher (Saint-Exupéry) et riche de dépossessions (Barbara)
Les similitudes peuvent évoquer la simplification car elles mettaient en évidence une répétition dont un potentiel allègement de la description. Les similitudes se trouvent dans toutes les disciplines : les mathématiques (des symétries jusqu'aux fractales), le vivant (les pétales de fleur,les mamifères), la chimie (les cristaux, la neige), l'optique, les arts (l'architecture, les vers de la poésie, la peinture), la musique (la translation des thèmes et les variations) voire les relations humaines (par les réciprocités).
Notre cerveau trouverait-il des structures et des formes parce qu'il est construit pour les reconnaître, comme une paréidolie ? Les grecsrecherchaient dans la symétrie ("mesure commune") l'harmonie entre les éléments.
Les causes et les moteurs qui créent la similitude sont l'optimisation. Avec 5 ou 6 côtés égaux l'espace s'organise au mieux (argiles en dessiccation, alvéoles des abeilles), avec 2 côtés identiques, la sélection naturelle s'active (et la bête échappe au prédateur).
La nature est ainsi imprégnée de similitudes et il n'est pas étonnant que nous, qui y sont incorporés, les façonnions à notre tour et les repèrions aisément dans les oeuvres. Les similitudes participent à la simplification et à l'optimisation.
Interdire, c'est devenu bien compliqué ! Il faut se faire comprendre, diffuser, déléguer, répéter, gérer les exceptions, s'assurer de la légalité, contrôler, sanctionner.
Pour simplifier, on pourrait
tout autoriser (illusion sociale de "il est interdit d'interdire")
réduire le périmètre pour se concentrer sur ce qui pose problème
inverser (tout ce qui n'est pas autorisé est interdit)