Simplication

des procédures, des formulaires, des objets et des concepts

l'art de dire un nombre

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Un drôle de paroissien. L'art ou plutôt l'artifice ? En effet le nombre, qui s'est immiscé dans nos vies et souvent les guide, est associé à une pureté scientifique qui se révèle bien trop idéalisée. 

 
La première difficulté réside à bien préciser ce que l'on veut compter ; si un mouton est relativement facile à identifier, la définition intemporelle d'un chômeur se révèle plus délicate. La réalité ne serait pas le réel ; alors que tente de décrire le nombre ? Peut-être l'émerveillement d'un supposé language de la nature où le nautile s'enroule en une spirale du nombre d'or. 
 
 
aux multiples facettes. Le flou augmente à l'analyse des caractéristiques d'un nombre comme la symbolique qui lui est attachée, la langue dans laquelle il est parlé, la culture, l'émotion suscitée, l'outil qui sert à le mesurer, la classe dans laquelle les mathématiques le rangent, sa restitution écrite,... 
 
Par exemple, pour l'année 1860, le français propose deux façons de le dire, le basque n'utilise pas le système décimal et l'arabe inverse les deux derniers chiffres. Le 13 est évité par l'hôtelier, le 33 restera le docteur, le diable se dissimule en 666, louis 14 perd ainsi de sa superbe et le commerçant aime à faire miroiter les 99 centimes. Que choisir 8h45 ou 9 heures moins le quart, 7% d'augmentation ou 400€ en plus ? Le bijoutier s'accroche au carat, l'entreprise aime les likes, l'évaluateur priviligie les valeurs pifométriques et l'informatique se sécurise en nombres premiers. 
 
Du compliqué au simplifié. L''éventail de chacune des caractéristiques, leur entremêlement et parfois leur dissimulation forment un tissu propice à la complication. Il faudrait expliciter chaque caractéristique en une forme d'algèbre linéaire. 
Les propositions de simplification s'articulent autour du principe de rejeter en arrondissant ou en privilégiant une unité commune à tous, de regrouper par le calcul ou dans une énonciation 2 à 2. Le troisième principe, permet de remplacer une réalité complexe par quelques valeurs : la maladie se détecte aux degrés de fièvre, la naissance se situe à une date, le fleuve s'écoule sur des kilomètres, une chanson s'écoute en minutes et l'éditeur dun roman raisonne en pages. 
 
mais un danger souvent présent. La distance en montagne s'apprécie en heure et cette transposition d'échelle est bien adaptée au contexte de la difficulté de progression. Mettre deux nombres en relation peut faciliter la perception : le feu a ravagé l'équivalent de dix terrains de football, le soleil est 400 fois plus gros que la lune. Mais quand la relation n'est pas démontrée le danger du biais cognitif ou d'interprétation s'intensifie ; le discours politique est friand d'un semblant de cause à effet - jours de congé et travail au noir ; la perception du pourcentage d'écart entre les salaires d'un cadre et d'un ouvrier peut dépendre du dénominateur. 
Avec plusieurs nombre l'alarme retentit quand la compréhension de la statistique ne dépasse pas le calcul d'une moyenne. La statistique est un dilemme puisqu'elle regroupe plusieurs nombres, ce que la simplification recommande, mais réclame discernement de l'émetteur et connaissance du receveur, ce qui complique à tout le moins. 
 
 
Du conceptuel zéro au rebelle infini, le nombre appartient bien au monde des idées. 
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apocalypse en rudologie

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Nous aurons tout essayé. Nous aurons bu l'eau du robinet, acheté nos pâtes en vrac ou dans les mêmes contenants, fini scrupuleusement nos assiettes ; nous aurons entreposé nos petits déchets et les aurons portés à la bonne poubelle, la jaune, la verte ; nous aurons composté, broyé et déchiré les cartons. Nous aurons réparé, recyclé. Nous aurons dénoncé les entreprises qui provoquent l'obsolescence, celles qui trop emballent, les scélérates qui déversent et les mafieuses. Nous aurons déploré que rien n'avance sans la peur des amendes ou des taxes, reporté les espoirs sur l'éducation, le jeu et l'exemplarité. 
 
Inéluctablement augmenteront les ordures
en parallèle au confort recherché et en proportion d'une population qui croît. 
 
On pourrait s'en foutre ! Imaginer que les ordures d'aujourd'hui seront nos prochaines ressources et continuer à jouer à cache-cache en mer, sous terre, sur Mars ou en Inde. 
Reconnaissons tout simplement que nous sommes la seule espèce à produire des déchets et qu'ils font ainsi partie de notre cerveau où se développe l'appropriation et où naît le syndrome de Diogène. 
 
À peine aurons-nous diminué les plastiques que surgira le fatras du numérique, ses photos inutilisées, ses vieux courriels conservés sur des serveurs lointains. 
 
Alors formulons les vœux de trouver la fusion nucléaire, source perpétuelle de nos conforts !
Classé dans : exemple Mots clés : aucun

Un fait, des interprétations. En réduire le nombre !

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Cet appel à simplification a lancé 21 de vos contributions, toutes très argumentées -elles sont à retrouver intégralement sur le site- et a alimenté un débat riche d'une vingtaine de participants réunis à l'Université Libre du Larzac. Ce qui suit ne peut pas être le compte-rendu de tant de diversité mais s'appuie sur vos réflexions.

Prenons le temps d'un exemple. "Maman, il est midi !" Le petit a faim pensera sa mère ou bien qu'il n'a pas dû finir ses devoirs. Ce sont des interprétations du même fait : il est midi. Et là, au moins, le petit sait lire l'heure, sa montre ne retarde pas et il ne triche pas ; sinon doute et vérification

Si je veux que ceux qui m'écoutent interprètent peu mes paroles comment dois-je parler ? Et si je veux, au contraire, laisser libre à toutes interprétations, alors comment formuler ?  En résumé, ~choisir le bon énoncé pour générer le nombre choisi d'interprétations~.  Leurs quantités, de beaucoup à moins que rien, peuvent se regrouper en 5 étages. La comparaison avec les étages d'un immeuble devient opportune : la terrasse en plein vent, le second étage, l'entre-sol, le rez-de chaussée et les sous-sols sombres. Entammons la descente des étages.

Terrasse  Pour générer beaucoup d'interprétations il suffit... de ne prendre aucune précaution : un mot évocateur, voire aucun, et l'affaire est dite. L'imagination n'est-elle pas inhérente à l'humanité ? Une multitude d'interprétations montre, pour certains, une belle vitalité dont l'art se réclame et la démocratie s'enorgueillit; mais d'autres s'inquiètent du flot que charrient les réseaux sociaux.

Second étage (étage à deux interprétations) Scinder les interprétations en deux groupes opposés réduit drastiquement la diversité. Le célèbre "en même temps" peut être donné en exemple et aussi le procès qui organise une opposition binaire partie civile et défense .

Entresol. À un degré moindre, il faudra préalablement anticiper pour quantifier et préciser le contexte. Par ailleurs Il paraît plus facile de s'adresser à un groupe culturellement homogène ; par exemple Trafalgar évoque pour nous une défaite mais pas pour un anglais. On peut aussi incorporer par avance les interprétations proches, voire les borner ; ainsi quand la culpabilité est reconnue, les peines sont encadrées d'un seuil et d'un plafond d'emprisonnement.

Rez de chaussée. (étage zéro interprétation). Pour ne tolérer aucune interprétation, la science et loi sont parfois intransigeantes : la science rejette le platisme et la loi punit le négationisme. "Ne faites pas de supposition" serait très efficace mais l'injonction (quatrième accord Toltèque) ne dépend pas de celui qui parle.

Sous-sols. (moins que rien)  À ce dernier niveau,  les propositions ne seront pas recommandables : s'exprimer par tautologies -mais c'est un peu niais- ou pratiquer le lavage de cerveau -mais c'est vraiement laid-. L'absence d'interprétation est le signe d'une soumission.

 

Maintenant pour s'exercer, supposons que vous vouliez aborder le fait que les dépenses de santé pour les plus âgés sont élévées, diriez-vous que la santé réclame un effort de chacun ? Sépareriez-vous les patients de moins de 45 ans de ceux de plus de 45 an ? Parleriez-vous au personnel hospitalier ou plus platement que les coûts changent selon les âges ? 

Allez ! La prochaine fois nous saurons au moins d'où l'on parle, sur la terrasse ou dans les sous-sols.

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