Simplication

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qui ne dit mot consent

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La France devrait s'indigner beaucoup plus devant les actes horribles, a déclaré un homme politique. Voulait-il signifier que si on ne s'exprime pas ou trop peu cela revient à cautionner l'immonde. Le propos situe le silence par rapport à la loi et à la morale. C'est dire que l'aphorisme "qui ne dit mot consent" présente une amplitude qui dépasse largement le cadre d'une bonne organisation. Le besoin d'une meilleure analyse sémantique apparaît donc avant que d'aborder les relations avec l'administration, celles internes à l'entreprise et nos relations privées.

Préalablement faudrait-il que soit bien définie la question qui appelle à s'exprimer ou à se taire. Un acte sous-tend souvent plusieurs questions et, même quand la question est explicite, elle n'est pas entendue de la même façon par les destinataires ; l'un est directement concerné, l'autre ne s'y intéresse pas ou n'a pas de suffisantes connaissances pour parler, un autre enfin préférera garder le silence par crainte, par fatalisme, déni de la qualité de l'information, fatigue de la quantité de sollicitations, etc. C'est l'objectif de la question qui est en cause. Se rajoute un délai qui doit être fixé pour le retour, ce qui terminera la déclinaison du quoi, des qui et du quand. Ponce Pilate, la majorité silencieuse et l'opposition au mariage fournissent quelques exemples. à l'inverse, une réponse établit la communication et aujourd'hui le pouvoir de la parole est immense, supporté par les réseaux sociaux ; et ce, même si Sartre a pu avancer que "mon mutisme est une prise de position".

L'administration propose que désormais, si elle ne répond pas à une demande dans un délai fixé, elle l'accorde. Bien sûr les esprits chagrins souligneront que seulement 1/3 des textes sont concernés et qu'il convient de bien savoir si la mesure visée est éligible au silence. C'est un pas significatif vers la simplification. Pour qui ? Pour l’administration elle-même, sans doute, mais qui abdique une partie de son pouvoir dans une position d'ignorance superbe. Pour l'administré aussi qui n'aura plus à attendre une réponse. Réciproquement, l'administration est mise sous pression pour détecter rapidement les cas qui réclament son refus. La mesure "silence vaut accord" pourra un jour s'amplifier jusqu'à supprimer la demande, quitte à ce que les contrôles postérieurs s'intensifient où les preuves, qui auront été conservées mais non transmises, seront exigées.

A contrario, le licenciement d'un salarié protégé réclame une autorisation de l'administration laquelle a deux mois pour communiquer sa décision à l'entreprise ; si la décision n'est pas parvenue à l'entreprise au bout des deux mois, "ça veut dire non". Tout comme dans la relation entre deux personnes où la justice, quand elle s'en mêle, affirme que le silence «opposé à l’affirmation d’un fait, ne vaut pas à lui seul reconnaissance de ce fait».

Le dilemme entre responsabilité et confiance s'illustre par deux exemples. Dans un premier exemple, une banque exigeait 7 signatures hiérarchiques avant d'accorder un gentil prêt. Le second exemple est la prolifération des mails en copie comme autant de parapluies. Enfin, la vie privée est régie par une culture. Mais laquelle ? Certains de mes invités qui m'avaient déjà donné leur accord, m'appellent ensuite pour confirmer leur venue. Réciproquement, nous connaissons tous un invité qui avait oublié et dont l'absence inquiète au dernier moment. Pas facile ! Heureux les amis qui s’aiment assez pour savoir se taire ensemble.

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