soutenir une liberté attaquée
Rédigé par dir 2 commentairesLa liberté1 concerne une population déterminée mais implique aussi les autres qui la regardent comme modèle ou l’exècrent. Elle est urbi et orbi. La liberté génère immanquablement de sains débats, des opinions contraires, des réactions, des mécontentements2 et des attaques. Ceux qui attaquent une liberté disent leur désaccord et, par là, qu’elle soit retirée3.
Le désaccord naît du fossé des cultures, des convictions profondes, de l’incompréhension, du mur des esprits non éduqués4, d’opportunités ou de manipulations et s’exprime par des écrits, des défilés, les ingérences, la désobéissance civile, des vociférations ou des violences.
La crainte s’insinue et le besoin de sécurité augmente ; la liberté est mise en balance. Alors, dans un double mouvement, les promoteurs de la liberté la soutiendront dans leur espace et porteront la contre-attaque dans le camp adverse. Ce sont des mouvements millénaires quand un château est assiégé5. La suite du siège est incertaine car il n’y a pas de sens à l’Histoire : Le château paraît se libérer, parfois il se rend, parfois encore un évènement extérieur fort rompt l’affrontement binaire. La liberté est bien fragile.
La reddition présente un large spectre, brutale par l’abandon de la loi qui protégeait la liberté, discrète avec son encadrement6 ou subtile par un appel à une modération individuelle. Subtilité de la modération mais aussi perversité : elle ne prive d’aucun droit mais rogne, dans les faits, la liberté affichée7 et, in fine, un seul individu qui y recourt jusqu’au paroxysme peut tout faire écrouler. Souvent les contre-pouvoirs contiennent la tentation de réduire la liberté.
Le soutien confirme la liberté dans toute son étendue et se décline en indifférence, humour, ou commémoration. Le soutien essore des mécontents mais en renforce d’autres.
La contre-attaque dite proportionnée, part de gentilles explications8 jusqu’à la reproduction de la liberté ; elle évolue en zone de danger car elle cède à l’émotion, sert à "montrer ses muscles" et entraîne les surenchères.
La tension est dans le temps court. Dans le temps long, la liberté s’élabore et le château peut s’entourer de douves. La référence de la liberté à la loi9 permet le malaxage du débat pour une communauté de vie entre citoyens. L’élaboration ou la surveillance des libertés permettent d’intégrer10 les aspirations de la société, de tester les interprétations multiples qu’occasionnent les libertés floues, de s’informer11 de toutes les opinions, de prévoir les conséquences des oppositions et de déterminer les accompagnements et les réponses. La connaissance préalable des mécontentements éviterait la sidération de l’attaque.
Merci pour leurs lumières dans cette complexite à Christine, Didier, Eric, Patrice, Philippe et René
1 Matérialisée en différentes expressions, de l’absence de son exercice à son paroxysme
2 Seules les lois naturelles et de physique, en ce qu’elles soumettent le monde entier, ne sont pas contestées
3 L’attaque -souvent renouvelée- d’une liberté vise à l’ébranler mais aussi à la restreindre par la peur
4 La raison, le jugement, viennent lentement, les préjugés accourent en foule (JJ. Rousseau)
5 Avec appel à la rescousse des commensaux
6 La multiplication des lois augmente, au contraire, les frottements intersticiels
7 Restreindre l’une des expressions de la liberté la modifie
8 Ce que certains appellent pédagogie et qui emporte une dose de suffisance
9J urisprudence, obligations, droits, et interdits
10 Le premier qui dit la vérité, d’abord on le tue puis on s’habitue (G. Béart)
11 L’opinion que nous défendons n’est que notre hypothèse préférée, nécessairement imparfaite, ... que seuls les très bornés peuvent faire passer pour une certitude ou une vérité (M. Kundera)