généralisation
Rédigé par dir 3 commentairesLa généralisation, outil de simplification
La question sous-jacente peut se formuler ainsi : La technique de simplification peut-elle compter la généralisation parmi ses outils possibles ? Mais aie ! Le terme de généralisation recouvre deux, voire trois, acceptions.
La première est une forme d’abstraction pour faire ressembler des éléments disparates -c’est l’analogie- ; la rose et le lys sont des fleurs. On regroupe et on attire vers le groupe ; la chauve-souris est un mammifère.
La seconde acception s’intéresse à la reproduction et à l’extension d’une expérience ; la méthode syllabique d’apprentissage de la lecture s’était répandue dans les écoles.
La troisième acception enfin, leitmotiv des sciences, marque la recherche d’une thèse supérieure qui englobe les thèses précédentes ; la surface du carré n’est qu’un cas particulier de la surface d’un rectangle. Comment réunira-t-on la quantique et la relativité ? Cette globalisation s’apparentant à l’abstraction ne sera plus évoquée.
Et la question initiale en devient bifide : L’abstraction est-elle un outil ? La reproduction est-elle un outil ? Traitons ce dernier cas, celui de la reproduction, car il paraît plus évident. Oui, reproduire permet de simplifier en évitant la phase de construction, d’imagination ; cela consiste à se servir d’un modèle, d’un gabarit, ou comme l’on dit en couture, d’un patron, pour exécuter la tâche. La théorie de la simplification y retrouve la règle de forme.
Remarquons incidemment que ce ne sont pas les mêmes qualités humaines qui permettent d’abstraire ou de reproduire.
La courbe du soleil de la méthode d’analyse Merise recommandait de conceptualiser à partir des opérations actuelles avant de transformer les concepts anciens en de nouveaux concepts puis d’imaginer les opérations qui supporteraient le futur système.
Penchons nous à présent sur l’abstraction ; la conceptualisation et la généralisation paraissent de la même veine. Regrouper, rassembler, mettre sous une même caractéristique sonnent bien en simplification ; la théorie de la simplification y reconnaît deux de ses grands principes parmi les 3R et aussi la règle Insigne et Symbole.
Oui mais il y a un biais. Les choses ne sont pas simples, nous les simplifions. Et nous aimons ça ! Notre cerveau en raffole dès l’enfance ; il regroupe pour apprendre et exclue. Le cerveau devant l’inconnu échafaude des hypothèses, s’adapte.
Dès lors, le pourquoi et le par qui deviennent des questions profondément légitimes.
Quand l’entreprise pense clientèle, elle ne voit que des catégories, des segments de marché. Ainsi la généralisation qui a pour objectif d’être utile, évolue en fonctions des besoins de chacun. Il nous faudrait connaître, rendre transparent, le point de vue de celui qui opère.
Chaque objet concret présente de multiples caractéristiques, évolutives de surcroit dans le temps et développe une complexité infinie. Les pierres du lit d’une rivière sont vues comme galets pour l’un, sont regroupées par provenance pour le géologue, par couleur pour l’artiste. La simplicité du regard que nous posons pour agir contraste avec la complexité de l’objet observé.
La généralisation, quelle soit abstraction ou reproduction, écrase la diversité, évite l’individualisation, la localisation et toute forme de limitation -ce sont en fait ses antonymes-.
Les risques maintenant apparaissent mieux : instabilité dans le temps, écrasement des aspérités et périmètres différents non explicités. L’extension d’une première expérience à tous entraînera des rejets, des destructions ; la généralisation de la pêche au chalut électrique engendre des dégâts.
Profitons de cet espace d’analyse pour percevoir si, à l’inverse, la simplification permet une meilleure diffusion. Bien sûr et, parfois, malheureusement ! Un message simple, voire simpliste, présente plus de chance de se répandre et d’être accepté ; c’est même la façon de procéder des grands communicants commerciaux et des populistes. Réciproquement, continuons à nous garder des idées fumeuses, alambiquées et compliquées qui peuplent l’histoire.
L’abstraction et la reproduction sont des simplifications à risque ; elles réclament modération et dialectique.