éloge du flou
Rédigé par dir 2 commentairesSouvent le flou est critiqué ; or il possède des vertus. Les voici :
Au loin, les montagnes sont plongées dans une brume, un peu floues. Au fur et à mesure de leur approche, les détails se précisent et la netteté du paysage apparaît. De là à croire que le but serait de rendre net, que le flou est un état désagréable, que nous recherchons toujours plus de clarté dans nos sociétés. Nous verrons que l'extrapolation est hâtive.
Car il n'est pas de vertu systématiquement attachée à la clarté pas plus qu'il n'est d'opprobre à projeter toujours sur le flou. Pour s'en convaincre, il suffit de contempler le sfumato des peintures de Vinci, les jeunes filles floutées des photographies de Hamilton ou de raisonner avec les ensembles flous qu'offrent les mathématiques. Il se trouve même des étapes où une trop grande précision est préjudiciable au projet. L'heuristique le proclame. La couleur du papier peint encombre l'architecte qui dessine les plans de la maison.
Le politique montre initialement un chemin qui se précise en avançant. Toutes les méthodologies s'emploient à organiser le passage de l'imprécision à la précision. La simplification n'a pas son pareil au choix de l'outillage approprié. Réciproquement, le flou permet ultérieurement des initiatives horizontales. La comparaison avec les images nous guide : la qualité de certaines images est suffisante pour un petit écran mais une plus grande quantité de pixels est nécessaire pour une affiche.
Ainsi la notion de flou est attachée à la quantité d'informations pertinentes ; la simplification consiste à déterminer la quantité suffisante. Associer la notion d'indéterminé et celle de confusion est un traitement très parcellaire du flou. Trouver l'ajustement adéquat entre précision et imprécision, tel serait l'apport de la simplification.